Borgo : intrigue, histoire vraie, casting, avis... Les infos sur le film Le film Borgo de Stéphane Demoustier retrace le parcours d'une surveillante de prison plongeant dans le grand banditisme.

Le film "Borgo" est sorti en salles le 17 avril 2024. Tiré d'événements réels, il plonge dans le récit, fictif, de Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée qui s'installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari.

Le récit, mis en scène par le réalisateur Stéphane Demoustier (Terre battue, Allons enfants, La Fille au bracelet), s'inspire du parcours de Cathy Sénéchal, ancienne surveillante de la prison de Borgo elle-même. Fascinée par l'univers du banditisme, elle est aujourd'hui accusée d'être impliquée dans un double assassinat à l'aéroport de Bastia-Poretta fin 2017. Selon l'accusation, son geste — un baiser — aurait permis aux assassins d'identifier les deux victimes.

Le synopsis. Affectée à une prison située à Borgo, au sud de Bastia, en Corse, un lieu où les interaction et l'interdépendance entre les surveillants et les détenus sont très fortes, Melissa va tisser des liens avec d'influents malfrats, jusqu'à ce qu'une mécanique pernicieuse se mette en marche.

Un procès à l'été 2024

Le contexte de ce film est d'autant plus sensible que le procès concernant le double assassinat, survenu le 5 décembre 2017, est prévu du 6 mai au 6 juillet 2024. Les victimes, Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, étaient bien connues des cercles du banditisme et leur exécution en plein jour pose la question de la préméditation des assassins, informés de leur retour en Corse après une permission.

La polémique autour de "Borgo" ne se limite pas à son contenu. Des avocats impliqués dans le procès reprochent au film sa sortie prématurée, craignant une influence sur le jugement à venir. "Ils n'ont même pas attendu que le procès soit fini", déplore un avocat, soulignant l'inopportunité de diffuser une œuvre aussi chargée alors que les jurés et magistrats sont sur le point de se pencher sur l'affaire.

Dans une déclaration à Corse Matin Me Julien Pinelli, avocat de Christophe Andreani, souligne le besoin de préserver l'intégrité du dossier pénal : "Il me semble nécessaire de préserver, autant que possible, le contenu d'un dossier pénal dans l'attente de son jugement. Sa diffusion par voie de presse est parfois justifiée par la liberté de l'information, mais ce principe ne s'applique pas à une œuvre cinématographique, qui s'affranchit par définition de toute neutralité. Je m'interroge notamment sur l'influence que pourrait avoir ce film sur les jurés et magistrats qui auront dans un avenir proche le devoir de juger nos clients".

Face à ces critiques, Stéphane Demoustier défend son œuvre comme une pure fiction, bien que basée sur des événements réels. Il insiste sur le caractère non investigatif de son film : "Je ne suis pas indifférent aux réactions engendrées par ce film qui peut générer des choses douloureuses. Mais c'est avant tout une fiction. Les personnages sont fictifs et je n'ai pas réalisé d'enquête. Le film est né sur la base d'articles de presse qui traitent de cette surveillante de prison. Comment une personne comme ça peut se retrouver dans une histoire de règlement de comptes alors que rien ne l'y prédestinait ? Le film est là pour poser cette question. Il n'embrasse pas le point de vue des voyous et n'est pas hagiographique envers la surveillante de prison".

La tension autour de la sortie du film a également été palpable lors de sa projection en avant-première au théâtre de Bastia il y a quelques jours, retardée par une fausse alerte à la bombe.